I. Diversification des points de vente des agriculteurs
A. Contexte actuel : Crise alimentaire et difficultés des exploitants
La crise alimentaire mondiale actuelle place les agriculteurs français dans une situation de plus en plus difficile. Les tensions géopolitiques, comme la crise ukrainienne, les aléas climatiques liés au changement climatique, et l'augmentation des coûts de production dans un contexte constant d'inflation affectent la rentabilité de leurs produits. Dans ce cadre, les coopératives agricoles jouent un rôle crucial en tentant de négocier des prix équitables avec les grandes surfaces. Cependant, cette mission se complique : les enseignes de distribution cherchent systématiquement à réduire les coûts, exerçant une pression constante sur les producteurs.
Bien que les coopératives aient pour objectif de défendre les intérêts de leurs membres, elles se heurtent à une concurrence féroce à l'échelle mondiale, rendant les négociations encore plus ardues. Aujourd'hui, nos assiettes contiennent souvent des produits qui ont fait le tour du monde, ce qui entraîne un coût environnemental en matière d'empreinte carbone, pesant à la fois sur l'agriculture française et sur le budget des consommateurs.
En conséquence, les agriculteurs se retrouvent souvent coincés entre la nécessité de maintenir leur production et les fluctuations de prix imposées par des acteurs extérieurs, mettant en péril leur avenir économique. Cette situation souligne l'urgence d'une diversification des canaux de vente afin d'assurer une plus grande autonomie et stabilité financière pour l’agriculture Française.
B. Acheminement des produits agricoles : les limites des circuits longs
L'acheminement des produits agricoles dans nos assiettes repose majoritairement sur des circuits longs, qui présentent de nombreuses limites. Ce système, traditionnel, impose aux agriculteurs de traverser une série d’intermédiaires (transformateurs, grossistes, distributeurs) avant que leurs produits n’atteignent les consommateurs.
Ce mode de fonctionnement peut réduire considérablement les marges bénéficiaires des exploitants, souvent contraints de vendre à des prix très bas en raison de la forte concurrence sur le marché européen.
Bien que les circuits longs aient leurs avantages, comme la possibilité de vendre des stocks excédentaires à une plus grande échelle géographique, ils ne sont pas sans limites. En effet, les agriculteurs subissent une pression constante pour produire en grande quantité, souvent à des prix qui ne reflètent pas la qualité de leur travail. Ce mode de fonctionnement introduit également une grande part de pertes : lors des transports, que ce soit par camion ou par bateau, les denrées alimentaires peuvent se détériorer, arrivant sur les étals des grandes surfaces sans avoir eu le temps de mûrir. Par conséquent, leur valeur nutritionnelle ne fait que baisser d'année en année. Une étude publiée en 2020 dans la revue Scientific Reports a révélé que la teneur en protéines du blé a diminué de 23 % entre 1955 et 2016.
Dans ce contexte, le besoin d’un plan national de soutien se fait sentir pour faciliter l'installation et l’investissement dans des méthodes de vente plus directes, favorisant ainsi une agriculture plus durable. Pour répondre aux enjeux actuels, il est essentiel d'envisager des alternatives. Des dispositifs de financement spécifiques peuvent être mis en place pour aider les agriculteurs à diversifier leurs canaux de vente et à investir dans des infrastructures adaptées, tels que des marchés locaux ou des plateformes en ligne. Cette mise en réseau favorise non seulement la culture de produits locaux, mais renforce également le lien entre producteurs et consommateurs, tout en répondant à la demande croissante pour des aliments de qualité.
Ainsi, le travail sur l'amélioration des circuits de distribution et la mise en place de fonds d'aide dédiés sont des priorités qui doivent être envisagées pour garantir l'avenir de l'agriculture. Un changement de paradigme vers des circuits courts pourrait contribuer à une meilleure répartition des marges et à une réduction de l'impact environnemental, tout en soutenant les agriculteurs dans leur quête de viabilité économique.
C. La Vente Directe : Une Solution Clé pour les Agriculteurs
1. Vente Directe : Un Investissement pour l'Avenir des Producteurs
La vente directe s’impose comme une stratégie gagnante pour les agriculteurs souhaitant sécuriser leur avenir économique. En permettant aux producteurs de commercialiser leurs produits directement aux consommateurs, elle favorise une relation plus étroite entre l’agriculteur et le client. Cette méthode d'approvisionnement assure une traçabilité des produits, répondant ainsi à une demande croissante pour des aliments de qualité. De plus, la vente directe contribue à diversifier les sources de revenus des exploitants, réduisant leur dépendance à des modèles commerciaux traditionnels.
2. Réduction des Intermédiaires, Meilleure Rémunération
L’un des avantages majeurs de la vente directe réside dans la réduction du nombre d'intermédiaires. En éliminant ces acteurs, les producteurs peuvent percevoir une plus grande part du prix de vente final. Cela leur permet d'améliorer leur marge bénéficiaire, rendant leurs exploitations plus viables financièrement et valorisant l'agriculture. De plus, la vente directe incite les agriculteurs à adopter des pratiques de production plus durables, car ils sont en contact direct avec les consommateurs, qui recherchent de plus en plus des produits respectueux de l'environnement.
3. Les Avantages pour les Producteurs : Plus de Marge et de Contrôle sur Leur Activité
La vente directe offre aux producteurs un contrôle accru sur plusieurs aspects de leur activité. D'une part, ils peuvent fixer leurs propres prix, en tenant compte de leurs coûts de production et de la demande du marché. D'autre part, cette approche leur permet de choisir les canaux de distribution qui correspondent le mieux à leurs produits, qu'il s'agisse de marchés fermiers, de ventes en ligne ou de partenariats avec des restaurants.
En outre, la vente directe au sein même de l’exploitation, favorise l'innovation dans la présentation et la transformation des produits. Les producteurs peuvent créer des offres sur mesure en fonction des préférences de leurs clients, ce qui augmente leur attractivité et leur fidélité. Ce modèle offre également l’opportunité de récolter des retours directs des consommateurs, permettant aux agriculteurs d’adapter leurs pratiques en fonction des attentes du marché.
En somme, la vente directe représente une solution clé pour les agriculteurs souhaitant bâtir un modèle économique durable et résilient, tout en renforçant leur lien avec les consommateurs.
II. Focus sur la nuciculture, une filière croissante.
Depuis plusieurs années, le Lot-et-Garonne s'affirme comme la capitale française de la production de fruits à coque, notamment de noisettes. Cette filière connaît un véritable rebond grâce à une demande qui augmente chaque année. En effet, nos habitudes alimentaires évoluent, et les fruits à coque sont reconnus pour leurs vertus nourrissantes et leur impact positif sur l'environnement.
A. Nuciculture, qu’est-ce que c’est ?
La nuciculture englobe les techniques agricoles liées à la culture des fruits à coques, tels que les noisettes, tous les types de noix, amandes et pistaches. Elle inclut la plantation, la récolte, la transformation et la commercialisation de ces fruits. En France, les fruits à coques gagnent en popularité en raison de leurs bienfaits nutritionnels et de leur faible empreinte écologique.
Les fruits à coques ont la cote et les médias financiers en parle, découvrez l'analyse de rédaction de réussir : Fruits à coque : envolée de la production mondiale en dix ans
Contrairement à ce que l’on peut penser, l'empreinte carbone des fruits à coques est faible pour plusieurs raisons :
- Consommation d'eau réduite : Une fois établis, ces arbres nécessitent moins d'eau, grâce à leurs racines profondes qui accèdent à l'eau souterraine.
- Fixation du carbone : Avec une durée de vie de plusieurs décennies, ces arbres séquestrent le CO₂ dans le sol et leur biomasse, contribuant ainsi à la réduction des gaz à effet de serre.
- Moins d'intrants : La culture des fruits à coques nécessite souvent moins de pesticides et d'engrais, surtout avec des pratiques biologiques.
- Commercialisation locale : La vente en circuits courts diminue les émissions liées au transport, renforçant l'attrait environnemental de la nuciculture.
Ainsi, la nuciculture représente un modèle agricole durable, répondant aux enjeux environnementaux tout en offrant des produits nutritifs.
1. Chiffres Clés de la Production de Noisettes en France
- Superficie des noiseraies : 7 902 hectares en France
- Proportion de la production par région
- Aquitaine : 60 % de la production nationale
- Tarn et Garonne : 20 % de la production nationale
- Objectif de la coopérative Unicoque d’ici 2030* : Atteindre 30 000 tonnes, soit 3 % du marché mondial
- Croissance des surfaces de noisetiers : + 61,5 % entre 2013 et 2023
- Durée nécessaire pour atteindre la production optimale : 8 ans
- Durée de production optimale des noisetiers : + 40 ans
- Production mondiale : 1 million de tonnes
- Part de la Turquie dans la production mondiale : 70 %
2. Tendances Actuelles
La consommation de fruits à coque, notamment les noisettes, connaît une nette augmentation, en partie grâce aux évolutions des régimes alimentaires. De plus en plus de consommateurs adoptent des régimes riches en plantes, réduisant leur consommation de viande et recherchant des alternatives nutritives. Les fruits à coque sont particulièrement prisés pour leurs nombreux bienfaits. Riches en vitamines, en minéraux et en acides gras essentiels, ils contribuent à une alimentation équilibrée. Par exemple, les noisettes sont une excellente source de vitamine E, un antioxydant puissant. Cette tendance vers une alimentation plus saine et respectueuse de l'environnement favorise l'essor de la nuciculture, offrant ainsi aux agriculteurs des opportunités de diversification et de croissance.
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B. La vente directe, un modèle gagnant pour les agriculteurs : rencontre avec André, producteur de fruits à coques.
L’équipe d’Hectarea est partie à la rencontre d’André, un nuciculteur dans le Lot-et-Garonne. Il prend soin de son exploitation et de la manière dont il cultive ses terres pour promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement. André pratique la vente directe et nous en dit plus dans son interview
1. Témoignage d’André, producteur de noisettes, sur les défis et les bénéfices de la vente directe.
Peux-tu nous raconter ton parcours ? Pourquoi as-tu voulu devenir agriculteur ?
J'ai commencé ma carrière agricole avec mes parents qui, quand j’étais petit, avaient une grande exploitation de poules. Puis, en reprenant l’exploitation, j’ai décidé de me tourner vers la culture de céréales. C’est une exploitation familiale, c’était normal de reprendre l’exploitation et de travailler la terre. J'aimais ce que je faisais, mais après mon empoisonnement aux produits phytosanitaires en 2015, j'ai dû reconsidérer tout cela. Ça a été un vrai choc, et j'ai réalisé qu'il était temps de changer de cap.
Quelles ont été les plus grandes épreuves que tu as rencontrées et comment t'ont-elles orienté vers la culture de noisettes ?
Les plus grandes épreuves ont été les conséquences de mon empoisonnement, lorsque les médecins ne me donnaient pas plus de 6 mois à vivre. Cela a eu un impact sur ma santé et mon moral. Et quand on n'a pas le moral, on ne se remet pas. Le moral, c’est 50% de la guérison. Je me suis soigné et mes fils m’ont beaucoup aidé. C’est pour eux que je me suis rendu compte qu'il fallait que je change ma manière de travailler. C'est là que l'idée de cultiver des noisettes est née. Nous avions déjà quelques noisetiers sur le terrain. La noisette est une culture qui nécessite moins de produits phytosanitaires. Cela m'a permis de me réorienter vers une agriculture plus respectueuse de l'environnement et de ma santé, et celle de ma famille.
As-tu des agriculteurs dans tes connaissances qui ont subi des intoxications similaires aux produits phytosanitaires ? Quelles sont les répercussions dans le quotidien d'un agriculteur ?
Oui, j'en connais plusieurs qui ont eu des problèmes similaires. Les répercussions sont sérieuses. Ils doivent vivre avec des effets sur leur santé, ce qui n'est pas facile au quotidien. Ça impacte aussi leur moral et leur motivation à travailler. C'est une réalité à laquelle beaucoup d'agriculteurs font face, et il est crucial de prendre soin de notre santé et d'être conscients des risques que l'on prend, alors que beaucoup n’y font même plus attention.
As-tu identifié des opportunités dans le marché de la noisette ? Quelles ont été tes motivations ?
Il y a une demande croissante pour les noisettes, surtout en circuit court. J'ai vu que les consommateurs cherchent des produits locaux et de qualité. C’est ma source de motivation. En diversifiant ma production, je m'assure aussi un revenu plus stable. Je crois vraiment qu'il y a un potentiel énorme dans le marché de la noisette. C’est une pratique qui se fait beaucoup dans le Lot-et-Garonne et les coopératives m’ont encouragé dans ce sens.
Quelles sont les principales différences que tu as observées entre l'exploitation des céréales et celle des fruits à coque ?
Quand on cultive des céréales, on est très dépendant des aléas climatiques. Avec les fruits à coque comme la noisette, c'est une toute autre approche. Les pratiques sont plus durables, et avec un soin particulier. On doit prendre en compte des éléments comme la pollinisation et la gestion des sols. C'est un vrai changement, qui en vaut la peine.
As-tu eu besoin de formation ou de conseils pour t’adapter à la culture de la noisette après des années en tant que céréalier ? Si oui, peux-tu nous introduire à ton parcours ?
J'ai dû m'adapter. J'ai cherché à rencontrer des agriculteurs qui avaient de l'expérience dans la culture de noisettes. J'ai aussi passé beaucoup de temps avec des agriculteurs espagnols qui pratiquent la nuciculture depuis des années. J'ai rencontré des agriculteurs belges qui m’ont accompagné dans l’exercice du commerce en circuit court. C'est en pratiquant que j'ai appris ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. J’ai alors créé la boutique des trois soleils au sein de l’exploitation, directement sur site et sur internet.
Comment vois-tu l'avenir de la culture de la noisette en France ?
Je suis vraiment optimiste. La consommation locale est en plein essor, et je pense que les noisettes vont avoir un bel avenir en France. Les gens sont de plus en plus conscients de l'importance de manger local et de soutenir les agriculteurs. C’est parfois compliqué en fonction des saisons. Par exemple, cette année, il a beaucoup plu ; les cultures ont subi toute l’année et la récolte est moins bonne qu'espérée. Mais ces conditions climatiques arrivent une fois tous les quarante ans. L’année prochaine sera une excellente année.
Quels conseils donnerais-tu à d'autres agriculteurs qui envisagent de se lancer dans la culture de fruits à coque ?
Mon conseil serait de bien se préparer : du temps, de l’argent et de la motivation. Mais surtout d’être patient. Il faut attendre minimum 5 ans avant de pouvoir faire une petite récolte de noisettes. C'est un investissement à long terme, alors il faut croire en son projet et être prêt à surmonter des obstacles.
En quoi la culture de la noisette peut-elle être considérée comme une pratique agricole responsable et durable ?
La culture de la noisette est moins gourmande en produits chimiques, ce qui permet de préserver la biodiversité. Elle s'inscrit dans une démarche plus respectueuse de l'environnement. Les noisetiers, comme ce sont des arbres, absorbent directement le CO2 pour contribuer à une meilleure qualité de l'air. C'est important pour moi, et je pense que c'est l'avenir.
Quelle est ta recette préférée à base de noisettes ? D’où la tiens-tu ?
Ma recette préférée, c'est les chouchous. Je les fais en torréfiant des noisettes à la poêle et en les enrobant de sucre. C'est une recette que j'ai inventée moi-même. On la connaît surtout pour les cacahuètes lors des fêtes foraines, mais avec les noisettes, c’est excellent. C'est simple à faire, pas cher, et c'est délicieux. C'est toujours un succès auprès des enfants et des grands lorsque je les vends au marché.
2. La Vente Directe dans l’exploitation d’André
La vente directe est essentielle dans l’exploitation d’André, agriculteur de noisettes. Il pratique plusieurs modes de vente :
- Vente à la ferme : Les clients viennent directement sur l’exploitation pour acheter des noisettes, garantissant ainsi la fraîcheur des produits.
- Vente sur internet : André dispose d'un site e-commerce pour toucher un public plus large, ce qui augmente sa visibilité et ses ventes.
- Vente aux restaurants étoilés : Fournir des chefs renommés lui permet de valoriser ses noisettes et de renforcer son image de qualité.
Ces canaux lui offrent un meilleur contrôle sur sa production et une rémunération accrue, tout en répondant à la demande croissante pour des produits locaux et durables.
III. Défis du quotidien : soutenir les agriculteurs
A. Soutenir la vente directe pour une agriculture durable
La vente directe représente une solution stratégique et durable pour les agriculteurs, favorisant une meilleure rémunération et un contrôle accru sur leurs activités. En réduisant les intermédiaires, ce modèle permet aux producteurs de maximiser leurs marges tout en répondant à une demande croissante pour des produits alimentaires locaux et de qualité. Cependant, pour que ce modèle soit pleinement opérationnel, des défis logistiques doivent être surmontés.
Le financement et l'accompagnement sont cruciaux pour renforcer ce système. Des aides adaptées, telles que des dispositifs de soutien, doivent être mises en place pour aider les exploitants à optimiser leur vente directe. En investissant dans des infrastructures logistiques et en facilitant l'accès aux marchés, nous pouvons soutenir les agriculteurs dans leur transition vers une agriculture respectueuse de l’environnement et résiliente, comme le démontre le projet de culture de noisettes d'André.
En ouvrant sa boutique sur son exploitation, son site de e-commerce et en réalisant des transactions en direct avec les restaurateurs, André minimise son empreinte carbone et participe à une circulation viable de ses produits.
B. Chez Hectarea, l'avenir de l'agriculture se construit avec vous !
Hectarea vous offre l'opportunité de soutenir André et ses fils dans leur exploitation de nuciculture, une initiative qui met en valeur la production de noisettes de qualité, en investissant dans des ares de terre à partir de 500€. Hectarea a pour mission de reconnecter les agriculteurs soucieux de bien faire aux particuliers consommateurs via une plateforme d’investissement. En investissant dans ce projet, André disposera de parcelles de terre supplémentaires pour sa nouvelle casserie en assurant la qualité de sa production mais aussi de répondre à une demande croissante sur le marché.
Rendez vous sur la plateforme Hectarea pour investir dans le projet d’André : 5,6 ha en nuciculture - culture de noisettes
Investir comporte des risques